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13 octobre 2010 3 13 /10 /octobre /2010 18:09

Par Habibou Bangré
ENQUÊTE. Dans ce pays du Maghreb, l'amour lesbien semble tellement inimaginable que celles qui s'y adonnent bénéficient d'une certaine tranquillité. Mais gare à celles qui prennent le risque de vivre leur homosexualité au grand jour...
http://www.tetu.com/files/inline_images/maroc-carre.jpg
Riham, Amira et Jacky sont marocaines et lesbiennes, et cela peut leur coûter cher. Jusqu'à trois ans de prison, sans compter l'exclusion familiale et les attaques physiques et verbales. Comment vivre son amour dans un tel climat? Une seule option: la discrétion. «J'ai toujours senti que j'étais attirée par les filles, raconte Riham*, pétillante adolescente marocaine. A l'âge de 12 ans, j'ai rencontré une amie qui était lesbienne et qui est tombée amoureuse de moi. J'ai voulu essayer cette relation et je me suis aperçue que mes sentiments pour elle étaient réels… C'était ma première expérience.»

Une expérience illégale. Dans le Royaume chérifien, l'homosexualité est passible de trois ans de prison et la société perçoit d'un mauvais œil les relations gays et lesbiennes - les jugeant proscrites par l'islam, la religion d'Etat.

Difficile de se rencontrer
En conséquence, les femmes, comme les hommes, peinent à trouver une moitié. Et ce même si «dans cette société qui n'autorise pas le contact entre des personnes de genre différent, il est plus facile de trouver une intimité avec une personne de son sexe», relève Jacky*, l'une des administratrices du groupe lesbien Menna w Fena («De nous et en nous», en arabe).

Un paradoxe qui peut se révéler frustrant. Très frustrant. «Beaucoup de lesbiennes aiment aller au hammam juste pour voir des femmes nues. Personnellement, je n'aime pas faire ça et je ne pense pas que le hammam soit un lieu pour rencontrer ou connaître des lesbiennes», explique Amira*, 19 ans.

Lesbiennes invisibles
Où draguer? Faute de lieu dédié, on se rabat sur les cafés, les night clubs… bondés d'hétéros. Pas simple. Résultat, «la plupart des filles rencontrent leur copine sur Facebook ou sur d'autres sites. Il y a aussi le réseau, comme les amies qu'on a en commun», raconte Riham, qui entretient une relation longue-distance sur le Web avec une Egyptienne.

Quant à la sexualité, le Dr Mohamed Maidine, sexologue à Casablanca, estime que les mithliya («lesbiennes», en arabe) sont mieux loties que les gays. «Une fille peut se rendre chez une copine sans qu'il y ait de soupçon sur des relations sexuelles», résume-t-il. Peut-être parce que ces relations sont totalement occultées.

«L'imaginaire populaire au Maroc n'envisage pas que les femmes puissent avoir une sexualité en dehors de l'homme.»

Séquestrations ou mariages forcés
«Très souvent, quand on parle de l'homosexualité, on pense plus aux hommes qu'aux femmes, observe la sociologue Sanaa El Aji. Ces dernières étant considérées comme objet sexuel désiré, l'imaginaire populaire n'envisage pas qu'elles puissent avoir une sexualité en dehors de l'homme, qu'elles puissent avoir des envies et désirer elles aussi…»

Dans ce contexte de répression et d'invisibilité, certaines refoulent leur sexualité – avec à la clé de graves troubles psychiques. Riham et Amira, elles, ont choisi de concilier, tant bien que mal, leur religion et leur sexualité. Mais sans sortir du placard ou confirmer les doutes des leurs. Car, outre la prison et l'exclusion familiale, celles qui bravent l'ordre établi ou sont outées risquent la discrimination, les brimades, les attaques physiques ou verbales. Autre violence: «Les proches peuvent enfermer la fille à la maison ou considérer que sa sexualité est un péché et la pousser à se marier pour résoudre le problème», raconte Jacky, 23 ans.

Communauté en ligne
Une situation que la militante a peut-être frôlée. En couple depuis quatre ans, elle avait un jour confié la nature de son amour à un proche «parce qu'il n'était justement pas marocain, arabe ou musulman, mais européen». Erreur. Son confident s'est empressé d'avertir toute sa famille. Réactions: alors que sa grand-mère et ses tantes ont plaidé le droit à la vie privée, son oncle l'a vilipendée à coups de versets du Coran…

Menna w Fena, émanation du groupe LGBT Kifkif, s'est précisément formé pour faire comprendre que l'homosexualité «n'est pas une défaillance sexuelle des femmes». Son site propose diverses informations, un espace de discussion et une assistance téléphonique le mardi soir – injoignable chaque fois que TÊTUE a composé le numéro.

Partir ou lutter
A terme, Menna w Fena espère surtout obtenir des droits pour les mithliya. Pessimiste, Jacky pense que «cela prendra plusieurs décennies» avant qu'elles ne soient réellement prises en compte. Elle envisage donc de quitter son pays, fatiguée de composer avec sa famille et celle de sa partenaire, qui tentent de les séparer sans être explicitement au courant de leur relation.

Quant à Riham, elle se sent plus sereine. Il faut dire que son secret pèse bien moins lourd depuis que ses amis la soutiennent. «Au départ, ils essayaient de me dire que ce que je ressens n'est pas vrai, que ce n'est pas une bonne route, que c'est une crise d'adolescence. Aujourd'hui, ils acceptent ma sexualité et me demandent même comment ça se passe avec mes copines!»

*Le prénom a été changé.

 

 

src tetu.com

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