Landes 5 mois de prison avec sursis pour des menaces de mort à caractère homophobe

Un retraité a été condamné à 5 mois de prison avec sursis pour des menaces de mort à caractère homophobe et sérophobe à l'encotre de son beau-fils homosexuel, par le tribunal de Dax.
Lundi 9 mai, le Tribunal Correctionnel de Dax jugeait un retraité pour des injures et menaces de mort en raison de l'orientation sexuelle et de la séropositivité du fils de sa compagne.

Renaud, âgé de 31, a raconté à la barre les insultes, les humiliations, l'exclusion qu'il a vécues dans le cercle familial, de la part de son beau-père, parce qu'il est homosexuel.

Une situation qui a dégénéré à Labatut, petit village des Landes le 19 août 2010, quand, à la suite d'une altercation, l'accusé sort un revolver d'alarme, après avoir proféré ces menaces: "Je vais le tuer, ce sale pédé qui a le sida".

Pris de peur, le jeune homme appelle les gendarmes et dépose plainte. Un peu plus tard, dans un message vocal, son beau-père âgé de 63 ans lui laisse le message suivant sur son répondeur téléphonique: "Menaces de mort sur un pédé qui a le sida, ça va pas chercher loin, je leur ai dit aux flics, ils ont rigolé, ils ont bu un coup et ils sont partis en disant : 'qu'il aille se faire enculer ce sale pédé". Pauvre con, va!".

On relèverra que, ce faisant, le mis en cause a divulgué la séropositivité de la victime à plusieurs membres de sa famille.

La médiation pénale ayant échoué, le procès a été l’occasion pour les parties de se retrouver pour mieux éclairer le tribunal sur les faits.

Le mis en cause a expliqué que ce jour-là, il était énervé et qu'il regrettait son coup de sang. "J'ai sorti un revolver d'alarme. (...) C'était pour impressionner. Oui, j'ai sans doute aussi proféré des injures… Oui sûrement : pédé….. J'étais très en colère. Ça ne me dérangeait pas qu'il soit homosexuel. Je l'ai toujours reçu, lui et ses petits amis. Ce qui me gênait plus, c'était le qu'en dira-t-on".

Ce jour d'août, Renaud raconte qu'il est allé se réfugier chez sa grand-mère qui le soutient, à l’inverse de sa mère qui a pris fait et cause pour son  compagnon.

Une grand-mère à laquelle Jean-Bernard Geoffroy, avocat au barreau de Béthune et président du RAVAD, qui représentait les intérêts de la victime, a rendu un vibrant hommage dans sa plaidoirie en mettant en exergue le tabou et le silence qui règnent sur les affaires d’homophobie au sein des familles.

Maître Geoffroy a également tenu à rendre hommage à la victime pour son courage et sa dignité.

Afin de soutenir Renaud Persiaux dans ses démarches, Aides et le Collectif Contre l'Homophobie (CCH) s'étaient constitués parties civiles et avaient également mandaté Maître Jean-Bernard Geoffroy, connu et reconnu pour son expertise et son engagement militant en matière de lutte contre les discriminations, pour les représenter.

Après en avoir délibéré, le Tribunal a retenu la culpabilité du mis en cause et l'a condamné à 5 mois de prison avec sursis avec inscription au casier judiciaire, 2.000 euros de dommages et intérêts à la victime, 500 euros de dommages et intérêts au Collectif Contre l'Homophobie, dont la constitution partie civile a été acceptée.

Le Collectif Contre l’Homophobie a regretté la non-recevabilité de la constitution partie civile de Aides au motif que l’état de santé ne constitue pas une circonstance aggravante en matière de menaces.

Pour Aides, "cette affaire montre enfin à quel point, 30 ans après, le sida n’est toujours pas une maladie comme les autres. Et réaffirme la nécessité de voir la sérophobie  pleinement intégrée dans le champ pénal". "Il convient donc de combler sans tarder ce vide juridique", a ajouté Hussein Bourgi, le président du CCH.

Sources : Hussein Bourgi/Collectif Contre l'Homophobie - Aides